A fredonner sur l'air de "A bicyclette" de Y. Montand
On est parti de bon matin,
Munis de nos titres de transport,
Il y avait Jonathan, il y avait Eolia,
Sans Gabriel car à l'école (merci)
Et puis Sophie dans sa poussette...
...
Ah, les bus et les couloirs de métro! Les ascenseurs et les escalators!
Quel indigne (dé)plaisir pour toutes les mères avec poussette et pour toutes les personnes handicapées que de devoir se déplacer en Région parisienne. Quel parcours du combattant pour aller faire suspendre quelques mois sa carte de transport! Et ce n'était que l'aventure d'une matinée. Comme je compatis avec ceux et celles qui sont dans cette situation tous les jours.
Hier soir, Jo (mon mari, ndlr) et moi avons fait un constat: nous utilisions trop peu notre carte Intégrale Navigo ces temps-ci pour qu'elle soit "économique". Donc, nous avons regardé sur le site de la RATP pour connaitre les démarches à suivre afin de suspendre l'abonnement. Et là, première déception: impossible de le faire en ligne ou par simple courrier. Obligation d'aller à une agence Navigo ou à un guichet d'information "habilité à traiter les modifications de cartes". Youpa! Et une balade à prévoir dans le froid de décembre... pardon, de mai, j'ai perdu le fil des saisons. Nous nous sommes demandés comment font les personnes qui doivent déménager rapidement et qui n'ont pas forcément le temps en journée... Non, vraiment pas pratique.
Mon mari étant à la maison aujourd'hui, ni une, ni deux, après avoir déposé Gabriel à l'école maternelle, nous avons bravement pris le bus qui passe juste à côté. Direction: la gare Bibliothèque-François Mitterrand et son agence Navigo. Par chance, il y avait "peu" de monde. J'avais donc de la place pour Sophie et sa poussette.
Arrivés à Porte de Vitry, nous sommes descendus. Ben oui, ici et pas au terminus qui est à deux mètres de l'entrée de la station. Parce que voilà, en bon banlieusards que nous sommes devenus depuis que nous sommes parents, on a une carte Zone 2 et 3... Paris étant la zone 1, nous aurions du valider un ticket pour finir le chemin. Heureusement, la gare n'est plus très loin et le ciel est bleu (rare en ce moment). Après une bonne marche dans la rue du Chevaleret, nous arrivons devant l'une des entrées de la station.
Premier obstacle: l'ascenseur est bondé. Allez, go. On prend l'escalator en faisant très attention à ne pas lâcher la loulette. Arrivés en bas, nous longeons l'entrée du métro et nous dirigeons vers celle du RER... là où se situe l'agence RATP. Devant la porte "spéciale poussette, gros bagages et fauteuils roulants", j'ai appuyé sur le bouton sans lâcher, comme indiqué. Pendant trois minutes. Et rien, personne ne m'a répondu. Donc, obligés de prendre une autre entrée...
Super, re-couloir. Et pourquoi ne pas passer par le métro pour rejoindre l'Agence? Ah mais non, notre pass' ne fonctionne pas (maudit zonage), de plus le sas spécial pour les "véhicules" est condamné par de gros cadenas et de la rubalise. On demande à la guichetière juste à côté: "Ah non, je ne peux rien. Vous ne pouvez pas passer avec votre poussette. Et moi je ne fais pas les changements sur les Navigo. C'est uniquement le guichet ou l'agence de l'entrée Avenue de France qui peut..."
Rebelote avec l'escalator, en montée cette fois. On pense éviter l'attente au pied de l'ascenseur. Ben, c'est pas gagné. L'autre escalator qui permet de remonter vers la rue Tolbiac est en panne... On est obligé de poireauter. Marche rapide. Voilà l'autre entrée, avenue de France. Je vois de loin l'ascenseur qui est en train de descendre, zut! raté! Et encore les escalators... ou plutôt un seul. Le deuxième (le suuuper long...) est en panne. Il n'y en a qu'un en "montée" et nous on veut descendre en (enfer) bas. Mon mari n'est certes pas Captain America mais pour le coup, avec tout ce bazar il se sent pousser des ailes et il n'a aucun mal à prendre la poussette avec la petite chérie dedans, sous le bras, et hop! Descente rapide des marches. Ouf, le guichet tant convoité est en vue. Il est ouvert (yes!) et il n'y a qu'une personne devant nous (yes, yes!)
L'agent de service est une dame, fort aimable, qui a le grand malheur de nous faire bénéficier d'une panne de son ordinateur (no!) juste quand on allait finaliser la fin de mon abonnement pour le 31 mai. Petite attente, et tout rentre dans l'ordre. Dix minutes plus tard, nous sommes enfin sortis à l'air libre, par l'ascenseur. Bien rempli comme il se doit, l'ascenseur.
Retour à la maison. Après avoir utilisé un ticket (depuis Paris, obligée... et Sophie commençait à montrer des signes de fatigue), ma carte Navigo restant bien au chaud au fond de ma poche. La pauvrette a encore quelques jours de bons et loyaux services devant elle et là, se faire raboter un voyage a du la rendre bien triste. Je l'ai depuis maintenant presque sept ans! ça va me faire tout drôle de ne plus la dégommer à chaque montée dans le bus ou le tramway. Tout un réapprentissage à effectuer!
Verdict de ma matinée "RATP": je suis bien contente de ne pas avoir à utiliser tous les jours le bus, le métro ou le RER pour amener mes enfants à l'école ou faire les courses. Et je dis bravo à tous ceux qui accomplissent cet exploit quotidien qu'est le déplacement avec poussette ou en fauteuil roulant dans les stations/gares. Leur temps de transport n'est pas celui d'un voyageur lambda. Ils doivent prévoir plus large.
Parce qu'ils leur faut attendre un bus qui n'a pas déjà son quota de poussette dépassé. Ou pas bondé... Parce que le bus en question est vieux et qu'il a encore une de ces barres en plein milieu de la sortie qui t'empêche de faire rentrer/sortir le véhicule... Parce que l'escalator est en panne ou que l'ascenseur l'est.
Parce que personne n'est là pour ouvrir ces grrrr... de "portes de service à l'usage des objets volumineux". Tss, pas de ma faute que vos tripodes et vos portes de sortie soient si étroites. Vous pourriez y penser quand vous construisez une gare!
Et puis, n'oublions pas les travaux (de maintenance, de construction, de "je ne sais pas ce que c'est mais on ne peut pas passer par là") et tous les autres retards qu'on a l'habitude d'avoir chaque jour en région parisienne. Bref, il faut tabler sur une sortie de deux heures pour une course qui n'en prendrait qu'une si on est "en bonne santé" et "pas accompagné(e)".
Je ne sais pas vraiment si c'est mieux ailleurs qu'à Paris. Mes souvenirs du métro romain et de celui de Prague tendent à me faire pencher vers un "on a quand même de la chance"... Mais le réseau berlinois de transports en commun est assez pratique.
Quoi qu'il en soit, la France a des améliorations à faire pour l'accueil de TOUS les passagers. Quand on veut l'égalité pour tous, on devrait commencer par s'occuper de problèmes qui concernent une majorité voire tous les habitants. Les projets de transports sont nombreux en ce moment. Ce qui n'est pas du luxe vu que pendant trop longtemps très peu a été fait...
Messieurs et Mesdames les concepteurs de gares, de stations et de machines, pensez à ceux qui galèrent pour escalader les marches du wagon de RER (ce qu'elles peuvent être dangereuses sur le RER C!); ceux qui ne peuvent pas passer par les tourniquets parce qu'ils sont conçus pour des tranches de mie de pain et non des gens chargés ou un peu enrobés; ou bien ceux qui sont fatigués d'avoir à mettre en danger la vie de leurs enfants dans ces escaliers interminables (dans les stations de métro dites "accessibles et équipées") lorsque le matériel électrique est défaillant. Je ne connais pas les statistiques de panne et d'arrêt des escaliers roulants et des ascenseurs, mais les chiffres ne doivent pas être beaux. J'espère juste qu'on prendra mieux en compte tous les usagers et pas seulement ceux qui vont bosser en costard-cravate.
Sur ce, bonne journée. Et bon parcours du combattant à tous les utilisateurs des transports en commun franciliens.