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mardi 14 mai 2013

Fête des Mères: laisser l'amertume de côté et mettre en avant l'amour et l'espoir.

Une carte pour l'anniversaire de ma belle-mère, un petit cadeau pour le mariage d'untel, un livre pour Noël, une lettre de condoléance pour une amie ou encore un souvenir pour le Missionnaire qui rentre chez lui... En général, j'ai toujours une idée de cadeau ou de petit mot pour toutes les occasions de la vie. Mais pas cette fois-ci. Je me sens vidée de toute énergie créative, de tout élan lyrique d'amour à coucher sur le papier.

J'aime ma mère. Je l'ai déjà remercié maintes fois pour les sacrifices qu'elle a du réaliser dans sa vie pour pouvoir m'élever. Et aussi pour tous les moments de fous-rires et les soirées cinéma du 31 décembre (une tradition entre nous deux). Elle et ma grand-mère maternelle m'ont aimé, éduqué, aidé à grandir. Parfois, elles ont voulu trop me couver, de peur que je me blesse en prenant ma liberté. A d'autres moments, elles se sont opposées aux choix que je prenaient. Parce qu'elles m'aimaient et pensaient agir pour le mieux.
Les décisions qu'elles ont prises lorsque j'étaient toute petite m'ont conduite en partie à ce que je suis aujourd'hui. Et ma personnalité (mes gènes paternels dirait ma demie-soeur) m'a poussé à être plus curieuse du monde qui m'entoure, à m'émanciper du carcan et voir le monde sous un autre angle. Car malgré tout l'amour que j'ai reçu de leur part, je suis un individu à part entière et je me devais un jour de voler de mes propres ailes. Et j'aime à penser que je suis là, maintenant, celle que j'aspirais à être; plus forte, plus tolérante et plus heureuse qu'elles ne rêvaient que je sois. Toutes leurs espérances étaient belles et partaient de bons sentiments, mais combien elles étaient éloignées de ce que je suis réellement.

Ma grand-mère partie, je me retrouve "face" à ma mère, à ses angoisses, ses appréhensions, ses mauvais choix et son amertume. A 70 ans, et avec toutes les expériences qu'elle a vécu dans sa vie, j'ai l'étrange impression de me retrouver devant une coquille vide, une étrangère. Pardon, je m'exprime mal, une personne qui a le corps de ma mère sans en avoir "la flamme". Il est si douloureux de parler à une femme qui n'est plus que l'ombre et la part obscure de ce qu'elle est à l'origine. De la voir s'enfoncer un peu plus à chaque "conversation" dans une routine minable faite d'illusions et de dénigrements de soi.
Elle avait la possibilité de vivre une fin de vie sereine, sans gros soucis d'argent, et en faisant des activités qu'elle appréciait. Malheureusement, sa "faiblesse" en amour, son caractère suspicieux et inquiet, et le manque de confiance qu'elle a placé en moi (et le trop plein qu'elle a accordé à un autre...) l'ont mené à ce gouffre qui parait sans fond, tant elle s'acharne à creuser chaque jour ce qui pourrait devenir son tombeau.

J'ai mille idées de cadeaux à lui offrir. Toutefois aucun ne pourra la faire revenir des limbes où elle s'est exilée. Je sais que c'est à elle de faire le premier pas, car j'ai essayé tous les recours (légaux) en mon pouvoir. Comme j'ai été maîtresse de mes choix lorsque je me suis émancipée du nid qu'elle et ma grand-mère avaient confectionné pour moi, c'est à ma mère de faire le choix de (re-)devenir elle-même. C'est difficile de sortir de sa zone de confort et de voir toutes ses turpitudes et ses mauvaises actions dans un miroir. Seule, c'est au prix d'un effort surhumain. Avec une main tendue devant soi, le saut en avant n'est plus si effrayant.
J'espère être un jour, très proche je l'espère, cette main tendue pour elle. Elle le sait, je lui ai dit souvent depuis ces terribles neuf mois, depuis que j'ai enfin compris ce qu'elle me cachait et ce qu'elle endure. Il ne lui reste plus qu'à se décider et à accepter que l'abîme du mensonge et du 'matériel' n'est pas le meilleur endroit pour elle et qu'elle n'est pas condamnée à finir ainsi.

Alors pour cette Fête des Mères, mis à part le dessin que mon fils veut lui faire, je ne lui enverrai pas de cadeau, ni de joli bouquet de fleurs ou de carte soigneusement décorée. Non, rien de "frivole", ce serait trop hypocrite vu sa situation.
Juste une lettre sur du papier blanc avec deux phrases: "Maman, je t'aime. Retrouve tes esprits et reviens-moi".

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